En 15 juillet 1099. Jérusalem. Les croisés, partis reconquérir les lieux saints, s’apprêtent à lancer l’assaut final sur la ville millénaire. Objectif initial : déloger les turcs Seldjoukides, qui avaient pris la cité en 1073, et qui ont interdit le pèlerinage aux chrétiens. Ironiquement, ce sont désormais les Fatimides, branche chiites de l’islam régnant en Égypte, qui occupe Jérusalem depuis peu, eux qui ne s’opposent pas à l’accès aux lieux saints pour les chrétiens. Qu’importe, les croisés sont bien décidés à prendre la ville. L’attaque est sanguinaire, et se transforme en bain de sang. La ville sainte est prise par les croisés. Le but de la première croisade est atteint.En effet, depuis 400 ans, Jérusalem est occupé par les musulmans. L’islam, religion nait dans la péninsule arabique au début du VIIe siècle, a réussi en une poignée d’années à s’emparer de vastes territoires et à s’y implanter durablement. La fulgurance de cette conquête interroge. Comment le dernier grand monothéisme a t-il réussi, en un peu plus d’un siècle, à occuper un tiers du monde connu et convertir autant de populations ? Revenons à travers deux vidéos sur l’expansion de l’islam : dans un premier temps de sa naissance au premier schisme qui va déchirer les nouveaux croyants, puis dans un deuxième temps en observant l’administration des territoires conquis et le ralentissement des conquêtes sous le califat omeyyade.La péninsule arabique est un vaste territoire, au climat majoritairement aride et sec, composé de nombreux déserts. Quelques oasis et puits d’eau permettent aux marchands et nomades de s’aventurer dans ces terres hostiles. Le sud-ouest, l’Arabie heureuse, l’actuel Yémen, connait des pluies de moussons, grâce aux hautes montagnes, permettant le développement de l’agriculture. Par le commerce caravanier ou maritime, les populations d’Arabie sont en contact avec le monde qui les entoure. Contrairement à une idée reçue, qui assimile l’Arabie préislamique à la vie nomade des bédouins, la population est majoritairement sédentaire, partagent la même langue sémitique, l’Arabe, et connait l’écriture. Les populations sont loin d’être uniformes, partagées entre nomades et sédentaires, citadins et ruraux, artisans, commerçants, éleveurs et agriculteurs, et surtout partagés entre le climat aride du centre et plus tempéré du nord et du sud. Les populations arabes partagent toutes un trait commun concernant l’organisation politique et sociale : elles sont structurées autour de la tribu, constituée de plusieurs clans, et dont le leader assure l’autorité morale sur ses membres. Ainsi, le prophète le prophete Mohamed, appartient au clan Hâshim, intégré à la tribu Quraysh, situé à La Mecque. Ces grandes tribus constituées de plusieurs clans essaiment l’ensemble du territoire.L’Arabie préislamique est entourée par deux puissants voisins : Tout d’abord l’Empire romain d’orient, ou empire Byzantin, dont la capitale est Constantinople. C’est un empire officiellement monothéiste, chrétien, mais de nombreux courants doctrinaux divisent la communauté orientale sur des questions théologiques : coptes, melkites, maronites, jacobites ou nestoriens qui occupent des régions différentes. L’Empire perse Sassanide est de religion zoroastrienne ou mazdéenne, religion dualiste, qui repose sur le combat entre le bien et le mal. Mais de nombreuses communautés chrétiennes sont présentes dans l’Empire.Ces deux empires sont en conflits permanents depuis le début du VIe siècle. Au début du VIIe siècle, la guerre s’intensifie : après une avancée spectaculaire des Sassanides, qui sont repoussés aux portes de Constantinople, le nouvel Empereur byzantin Héraclius réussit à renverser la situation et inflige de lourdes pertes aux Perses, approchant même de la capitale Ctésiphon. Une paix est conclue. Les deux empires sont exsangues, ces guerres constantes ayant mobilisés toutes leurs forces économiques et militaires. Les Sassanides, profondément affaiblis, entrent alors dans une crise de succession. Les byzantins quant à eux, ont perdu des territoires à force de se concentrer sur l’est. Ils ne les récupéreront jamais. Au sud de ces deux empires se trouvent 2 royaumes tampons avec l’Arabie : les Ghassanides, alliés aux byzantins et composés de Melkites, des chrétiens chalcédoniens ; et les Lakhmides, alliés aux Perses, qui sont chrétiens nestoriens. Par son voisinage et ses influences, l’Arabie préislamique connait une forte pénétration du monothéisme avant l’avènement du prophète, tandis que le polythéisme, dont les dernières traces retrouvées datent du Ve siècle, semble avoir périclité, malgré quelques pèlerinages encore existant, relevant plus de la tradition que de la foi. Réécrivant son histoire, la tradition musulmane a donné comme nom à cette période préislamique la « Jâhilîya », « âge de l’ignorance » afin de démontrer la rupture que constitue l’avènement de la nouvelle religion avec un passé tribal, polythéiste et barbare. Conception à tempérer.C’est dans ce contexte que nait en 570 à La Mecque,le prophete Mohamed. Après le mort de son père, il est recueilli par son oncle paternel, chef du clan Hashîm et entame une carrière de commerçant, qui le fait voyager dans la péninsule et jusqu’en Syrie. A 25 ans, il épouse Khadîja, une riche veuve, ce qui lui permet d’asseoir son statut social. Il est riche et respecté dans la tribu Quraysh. Le tournant à lieu vers 610. Alors qu’il part réfléchir et méditer dans les montagnes entourant La Mecque, une voix, assimilée à celle de l’archange Gabriel, lui transmet la parole de Dieu. Après avoir cru perdre la raison, le prophete Mohamed accepte sa mission prophétique, et commence à transmettre la révélation aux Mecquois, les enjoignant de respecter la parole divine et de prier Allah, nom donné à Dieu. Ses proches adhérent au message, notamment sa femme et son cousin Ali, mais aussi des membres éminents d’autres clans comme Abu Bakr du clan Taym, ou Othmân du plus puissant clan des Quraysh : les umayya. Les convertis augmentent peu à peu, ce qui inquiète le pouvoir mecquois pour plusieurs raisons : reconnaitre en le prophete Mohamed un messager de Dieu lui conférerait un statut trop puissant dans la cité. Il supplanterait alors tous les autres chefs de clans ; de plus, La Mecque est un lieu de foire et de pèlerinage qui draine d’importants revenus : un sanctuaire abritant une mystérieuse pierre noire attire les foules, la Kaaba. le prophete Mohamed perd ses soutiens lorsque son oncle et sa femme meurent. Le nouveau chef du clan Hashîm lui retire sa protection. le prophete Mohamed craint désormais pour sa vie. Après une tentative d’installation infructueuse dans un village proche, il s’entend avec les habitants de Yathrib, en réglant un différend qui oppose 2 clans. En juillet 622, le prophete Mohamed et ses partisans s’installent à Yathrib, plus connu sous le nom de Médine : la ville du prophète. C’est l’hégire, l’émigration, l’exil, le point de départ du calendrier musulman. La rupture est importante : c’est un nouveau temps qui s’ouvre, et le fonctionnement clanique, fondé sur les liens du sang, est remplacé par un modèle communautaire, fondé sur la croyance.A côté des Muhâjirûn, les expatriés mecquois qui ont suivi le prophete Mohamed, apparaissent les nouveaux convertis médinois, les Ansâr, les auxiliaires du prophète. De nouveaux liens de solidarités se mettent en place. La constitution de Médine pose par écrit les droits et devoirs de chacun. La communauté de croyants est uni dans l’umma, solidarité religieuse affranchie des liens du sang, et chacun peut l’intégrer par son adhésion, même juifs et chrétiens.Durant cette période, le prophete Mohamed consolide son autorité religieuse et politique. Sa maison et sa mosquée, centrales à Médine, deviennent les nouveaux lieux de pouvoir. Il codifie certaines pratiques sociales comme le mariage, l’adultère, la consommation d’alcool ou les jeux de hasards afin de garantir un bon ordre moral. Il développe les rites de la nouvelle religion grâce à des versets récités, qui donneront le Coran, fixé par écrit sous ses successeurs. Inspiré des autres religions, comme le judaïsme, le christianisme ou le zoroastrisme, Un ensemble de pratiques est instauré : le jeûne, l’aumône ou les prières, fixées à 5 par jour, en direction de Jérusalem. le prophete Mohamed tente d’emporter l’adhésion des 3 communautés juives de Médine, mais le peu d’enthousiasme face à la nouvelle religion le pousse à changer la direction de la prière rapidement. Désormais les croyants prieront en direction de la Kaaba. La prière communautaire est fixée le vendredi, jour du marché des juifs de Médine.Parallèlement à ces aspects religieux, le prophete Mohamed doit asseoir son autorité et venger l’affront que lui ont infligé les mecquois en le chassant. Il y a une double volonté : convertir les mecquois, même par la force, permettrait la reconnaissance de son statut de prophète ; condition sine qua none à son autre grand dessein : la diffusion de l’islam. Trop faible militairement, il commence par attaquer les caravanes. En 623, la bataille de Badr est un tournant. Les médinois l’emportent face à une armée mecquoise trois fois plus importante. Le prestige de le prophete Mohamed en sort grandi. Mais une série de revers le fragilise : après une défaite à Uhud, il se retourne contre 2 des 3 tribus juives de Médine, qui sont expulsées. La catastrophe est évitée de peu en 626 devant Médine. Les médinois doivent leur salut à une tranchée creusée devant la ville, que les armées mecquoises, majoritairement composées de cavaliers, ne parviennent pas à franchir. le prophete Mohamed durcit le ton et massacre 600 juifs médinois qui se sont alliés aux Quraysh mecquois. Dans un premier temps, acceptés dans l’umma, en échange d’un soutien militaire, juifs et chrétiens en sont définitivement exclus sous prétexte d’avoir altérés la parole divine. Désormais, l’islam est le seul vrai monothéisme, et sa communauté de croyants, le nouveau peuple élu. Après la bataille du fossé, les 2 camps cherchent des alliés dans la péninsule. Des expéditions permettent de maitriser les réseaux commerciaux mecquois, tandis que la diplomatie de le prophete Mohamed fonctionne à merveille : plusieurs tribus se convertissent. La Mecque est peu à peu encerclée. Les élites Quraysh, comprenant que ce conflit peut les ruiner, commencent à se convertir. En 629, lorsque le prophete Mohamed se rend à La Mecque en pèlerinage avec son armée, la ville se rend immédiatement, et la quasi-totalité de la population se convertie, rassurée par la clémence et la générosité du prophète. Les quelques poches de résistancesont écrasées les années suivantes, tandis que des délégations sont envoyées dans la péninsule afin que les tribus reconnaissent le prophete Mohamed. Plusieurs acceptent la conversion et lui paie un tribut en gage de soumission.La péninsule est presque totalement unifiée sous cette nouvelle religion. Plusieurs raisons expliquent ce succès : l’organisation stricte et la motivation supérieure des troupes, galvanisées par la nouvelle foi, la personnalité charismatique de le prophete Mohamed, marquée par son sens de la diplomatie et son talent militaire, mais aussi l’idée d’une nouvelle fraternité entres croyants, bousculant les liens tribaux et cristallisant un sentiment diffus, celui d’appartenir à une même communauté arabe.La mort de le prophete Mohamed en 632 provoque des dissensions quant à sa succession. Aux Muhajirun, les premiers convertis, et aux Ansâr, les convertis médinois, s’ajoutent désormais l’élite de la tribu Quraysh dans la prise de décision, qui usant de son expérience dans l’administration et le commerce, prend de plus en plus de pouvoir. Certains souhaitent voir comme successeur un membre de la famille du prophète, en la personne d’Ali, mais c’est finalement Abû Bakr qui est élu, l’un des premiers convertis, à qui le prophete Mohamed avait confié la direction de la prière, preuve de son importance. Il prend le titre de khâlifa : « le successeur du prophète », et jette les bases de la nouvelle institution souveraine de l’islam : le califat. Abû Bakr est le premier des 4 califes que l’on nommera « les califes bien guidés » et qui correspond à la première phase de développement de l’islam : « la califat Rashidun ». Abu Bakr doit faire face au rejet de son autorité par de nombreuses tribus : les raisons sont nombreuses. Des tribus considèrent que le serment d’allégeance prêté le prophete Mohamed s’arrête à sa mort ; certaines refusent de payer l’impôt ; d’autres vont jusqu’à honorer de nouveaux prophètes, que la tradition musulmane nomme « usurpateurs ». Ces dissidents qui furent intégrés à l’umma sous le prophete Mohamed et qui renient leur foi sont considérés comme des apostats. Ils doivent être combattus. Abû Bakr lance ses armées contre les tribus réfractaires, qui sont incapables de se fédérer, et réussit à les soumettre. Cette épisode, les guerres d’apostasie, ou guerre de Ridda, permettent à l’islam de s’implanter définitivement dans toute la péninsule. Cette fois, les conversions ne sont plus spontanées, mais bien forcées. Abû Bakr meurt à peine 2 ans après être devenu calife, et a désigné comme successeur Omar, son bras droit, qui fût l’un des premiers compagnons de le prophete Mohamed.La politique de conquête de l’islam est initiée par Abu Bakr, mais va prendre son véritable essor sous Omar. Disposant de troupes aguerries après les guerres de Ridda, les armées califales sont envoyées au nord, à la fois pour canaliser leurs énergies vers l’extérieur de la péninsule, et offrir une perspective d’enrichissement – par le pillage mais surtout par un impôt prélevé sur les populations conquises, qui est ensuite redistribué entre les membres de l’umma.Regardons d’abord du côté des perses Sassanides : dès 633, un général et stratège talentueux, Khalid Ibn Walid parvient à s’emparer de l’ancienne capitale du royaume lakhmide, Al Hira. Il soumet ensuite, sans rencontrer de résistances, les peuples situés au sud de l’Euphrate. Le nouvel empereur sassanide Yazgard III, réuni une armée de 30.000 hommes, soutenus par des éléphants. Il écrase les forces musulmanes, privées de Khalid Ibn Whalid parti sur le front syrien. S’en suit plusieurs années d’escarmouches avant la bataille décisive. Une armée sassanide de 80.000 hommes fait face à 40.000 guerriers arabes à al-Qadisiyya. Les sassanides sont sèchement battus. La Perse s’ouvre aux troupes musulmanes, qui conquiert la capitale de l’Empire, Ctésiphon. Les conquérants installent deux ville-casernes, Basra et Kûfa, bases à partir desquelles ils vont mener des attaques au nord puis s’emparer du Khuzistan. Les troupes perses, sans cesse repoussées, se réfugient dans les montagnes du Zagros, et tentent des contre-attaques. La bataille qui marque un tournant à lieu à Nahavand. Les troupes difficilement réunies par Yazgard sont écrasées par les arabes. Bataille d’importance, connu dans le monde musulman sous le nom de « victoire des victoires », car elle ouvre aux conquérants la porte de l’ancienne perse et permet la diffusion de la nouvelle religion dans un lieu non sémitique. L’Empereur sassanide avec ses quelques troupes fuit inexorablement. A sa poursuite, les armées musulmanes pénètrent dans les plateaux iraniens. Le souverain sassanide, incapable de réunir une armée, est finalement assassiné par des proches à Merv en 651. L’empire sassanide s’est effondré en moins de 20 ans.Du côté byzantin, le territoire Ghassanide, allié de l’empire romain d’orient, mais occupé pendant 20 ans par les sassanides, a quelque peu était abandonné par Constantinople. Il est rapidement conquis. Les troupes se dirigent vers la Palestine et la Jordanie. Jacobites et juifs de la région mécontente de Byzance, accueillent les conquérants sans s’opposer. L’Empereur Héraclius réagit et envoi un contingent à leur rencontre. Parallèlement, Khalid Ibn Walid accourt de Perse, rejoins les troupes qui se sont réunies. Un premier affrontement d’ampleur se déroule en 634 à Ajnadayn. C’est une victoire dans la douleur pour les musulmans, qui perdent de nombreux hommes. Les byzantins reculent tandis que les armées se scindent et pillent la région. Des troupes d’Heraclius s’enferment dans Damas, qui est finalement conquise après un long siège. C’est ensuite Homs et une partie du levant qui tombe aux mains des troupes arabes. Héraclius réagit avec plus de vigueur : il envoi le maximum de troupes reprendre les territoires perdus. Habilement, les armées battent arabes battent en retraite afin de choisir un terrain propice pour le combat. L’affrontement décisif à lieu près de la rivière Yarmouk, et dure 6 jours. Les byzantins sont défaits. La Syrie et toute la côte du Levant passe sous le contrôle du Califat. En 638, Jérusalem, lieu sacré, tombe.Une armée de 40000 hommes, commandée par Amr al’Âs, poursuit vers l’Égypte afin de mettre la main sur le grenier du monde. L’attaque surprend les byzantins, qui résistent un an dans les villes fortifiés avant d’être défait à Héliopolis. Les troupes de Amr al’Âs pillent l’oasis du Fayoum et posent le siège devant Babylone, l’actuelle Vieux-Caire. L’armée byzantine réussie à s’enfuir et se réfugie dans Alexandrie, bien protégée par des machines de guerres. Pris au piège, les byzantins négocient. Un accord est trouvé : les byzantins peuvent quitter l’Égypte avec leurs biens. Ceux qui restent doivent soit se convertir, soit payer le tribut. Les musulmans s’installent en marge du delta et fonde la ville-forteresse de Fustât. Partant de cette base, les troupes arabes poussent au sud et à l’ouest, dans des territoires opposant peu de résistances. Ils s’emparent de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine. Une vaste flotte est parallèlement construite par le gouverneur de Damas, Mu’awiya. L‘île de Chypre est conquise. Mais une crise s’apprête à éclater dans le califat, stoppant pour un temps les conquêtes.Le nouveau calife, désigné en 644, Othman, également très proche de le prophete Mohamed, puisqu’il a épousé 2 de ses filles, va bouleverser l’équilibre fragile de l’umma, de la communauté. Issu du puissant clan umayya des Quraysh de La Mecque, il place des membres de sa famille aux postes clés de gouverneurs de provinces, les émirs. Il redistribue le butin sous forme de concessions foncières à son clan, brisant la nouvelle solidarité religieuse et revenant aux vieux liens claniques préislamiques. Des troubles éclatent, d’autant que les Ansâr et les autres clans des Quraysh s’opposent aux décisions d’Othman. Des insurgés l’assassinent dans sa maison à Médine en 656. La guerre civile frappe alors la communauté de croyants.Le nouveau calife qui est élu, Ali, est le cousin et gendre de le prophete Mohamed, du clan Banû Hâshim. Mais son élection est contestée, notamment par Mu’âwiya, le gouverneur de Syrie et cousin d’Othman qui souhaite venger l’assassinat du calife. Ali refuse d’appliquer la loi du talion aux assassins. La communauté se divise en 2 camps : celui d’Ali, soutenu par les Ansar, une partie des muhajirun et des troupes de Basra et Kûfa. De l’autre les partisans de Mu’âwiya, composés de Syriens, égyptiens, avec la garnison de Fustat, et de l’aristocratie mecquoise, avec à sa tête les membres de son clan, les umayya. C’est le début de la première fitna, la grande discorde, une période de guerre civile qui va profondément diviser la communauté musulmane. Accusé du meurtre d’Othman par certains membres de la famille de le prophete Mohamed, notamment par la 3ème épouse du prophète Kadija, Ali écrase cette première opposition, lors de la bataille du chameau. Les armées de Mu’âwiya et d’Ali se rencontrent ensuite à Siffin. Mais le combat est arrêté : on décide de recourir à un arbitrage. Certains partisans d’Ali se désolidarisent, et forment un nouveau courant : les kharijites, qu’Ali massacrera un an plus tard à Nahrawân. A l’issu de cet arbitrage, Ali est désigné comme l’assassin d’Othman, et perd peu à peu ses soutiens. Il est finalement assassiné en 661 par un kharijite qui souhaite venger le massacre de Nahrawân. Mu’âwiya marche sur la dernière poche de résistance, puis se fait proclamé calife. Le centre du pouvoir se déporte de la Mecque à Damas. Issu de la famille Umayya des Quraysh de La Mecque, la dynastie qui s’installe va donner son nom à la période qui s’ouvre et qui va durer près d’un siècle : le califat Omeyyade.En l’espace de 50 ans, l’islam a donc réussi à s’implanter sur un vaste territoire. Les raisons de ce succès sont nombreuses : dans un premier temps, la création d’une nouvelle communauté arabe portée par la foi, s’est couplée à une stratégie gagnante, qui a réussi l’intégration des tribus de la péninsule, par la diplomatie, puis par la force. Militairement, les armées ont été portées par des généraux talentueux, qui n’ont pas hésité à attaquer par surprise ou feindre des retraites pour mieux terrasser leurs adversaires. En orientant leurs armées vers les empires voisins affaiblis, les califes ont permis un afflux de richesses et ont ainsi évité des crises internes. La grande discorde est notamment liée à un ralentissement de ces conquêtes et à une tentative de retour aux liens tribaux, ce qui fut mal accepté par la communauté. Mais la grande phase d’expansion ne s’arrête pas là. Le califat omeyyade va encore repousser les frontières de ce nouvel empire, mais également jeter les bases d’une nouvelle administration. Aspects essentiels pour le contrôle des territoires conquis, que nous aborderons plus en détail dans une deuxième partie, consacrée au califat omeyyade.